COMPORTEMENT TA LISTE ?
Le comble ?
La particularité de la liste c’est qu’elle dit tout et qu’elle ne dit rien, elle ouvre vers l’infini, les multiples, les associations innombrables. Elle nomme ce qui pour fait clin d’œil à cette pensée lacanienne : tuer la chose par le fait même de la nommer mais….
Aujourd’hui, cette année même, il me semble c’est le mot de l’année : la liste.
L’apogée est actuelle dans le « domaine culturel médiatisé » avec l’exposition del’ caro Umberto eco au Louvre « Mille et tre : vertiges de la liste »1 je ne pourrais pas voir cette exposition pour autant si certains visiteurs veulent en dire quelque chose sur ce blog…
Il y a eu également Charles Dantzig2 avec son encyclopédie capricieuse du tout et du rien paru il y a quelques temps il disait quelque part dans l’ouvrage « Une liste serait-elle une boite à papillons vivants ? » . Aussi ce jeune écrivain surprenant, Bernard Quiriny avec ces Contes carnivores 3 tourne autour (des listes et catalogues) dans certaines de ces nouvelles : « Quelques écrivains, tous morts » ou dans les trois projets de Pierre Gould (« annuaire permanent des donneurs de leçons, guide des écrivains surestimés, anthologies des jurisprudences gondolantes »).
Bien avant, avant encore, il y avait Sei Shônagon, femme de lettres Japonaise qui écrit vers l’an 1000-1001 le livre Notes de chevets 4. Ce livre est considéré, comme…inclassable.
En parallèle d’un chemin artistique de plus en plus usité c’est aussi dans la société, dans notre quotidien que la liste prends de l’ampleur.
Dans une interview qu’Eco donne à Télérama http://www.telerama.fr/livre/umberto-eco-internet-encourage-la-lecture-de-livres-parce-qu-il-augmente-la-curiosite,47983.php - http://www.telerama.fr/livre/umberto-eco-internet-encourage-la-lecture-de-livres-parce-qu-il-augmente-la-curiosite,47983.
L’écrivain parle du concours que porte internet à ce développement, je ne pense que ce soit la seule raison il en est d’autres notamment l’inabouti, l'ouverture et ce qui fait que la forme n’est jamais définitive. Eco parle de poésie et évoque les « et cætera » des fins ( ?) de listes. C’est là justement qu’il me semble qu’il y a voir en art-thérapie : dans les et cætera.
Et cætera
Une des idées de la médiation est de laisser aller la spontanéité d’expression du patient, de la favoriser en l’ accompagnant de façon discrète quand nécessaire. Ainsi le patient pourra, s’il le souhaite observer ce qui a fait trace et peut-être en dire quelque chose.
Avec l’écriture comme médiation ce n’est pas le plus aisé. Le mot "termine ou clos quelque chose" m’ont dit parfois les patients, ceci est un ressenti. Il est un fait que souvent l’écriture est perçue majoritairement comme synthétique, formelle, pragmatique par les patients. C’est d’air alors dont il est nécessaire (un peu comme les listes qui classent, claquent, ferment). Au lieu de coller il faudrait voir si peut décoller, déjà un peu.
La possibilité de jouer avec les mots peut être suggérée alors dans les ateliers (cadavres exquis, écriture automatique, etc.). La liste peut alors devenir l’appogiature d’un : vers autre chose, d’une butée dépassée, d’autres possibles, sans fin, la fenêtre ouverte. Elle peut aussi permettre de faire le lien avec autrui et se compléter, avec d’autres.
3 Bernard Quiriny, Contes carnivores, ed Seuil
4 Sei Shônagon, Notes de chevets Connaissance de l'orient, ed Gallimard/Unesco